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« Ces gros plans des regards. Ces gueules: Gabin, Delon, Ventura. Cette lenteur dans le déroulement. Les répliques au compte-gouttes. Le suspense intenable, l’issue inexorable. Le vétéran réalisateur Henri Verneuil se la jouait Leone, c’est évident: le film célébré de 1969 n’est jamais qu’une variante mafieuse d’histoire de western-spaghetti, avec trahison, traque et tutti quanti. Ce que la trame sonore de Morricone souligne magistralement. L’instrumentation est parfois plus pop, selon les scènes, mais le thème principal est sans doute le plus mémorable du grand Ennio hors du Far West extrême de l’immense Sergio: les quelques notes en boucle, portées par une armée de violons au lyrisme exacerbé, élèvent au rang de tragédie ce qui ne serait qu’un autre règlement de comptes entre pégriots. La bombarde est de retour, la guitare acoustique au grand galop également: c’est jouissif, et la restauration est impeccable. Qu’on ait vu ou pas le film ». (Sylvain Cormier, Le Devoir, le 10 janvier 2020)